Lettre Ouverte
Réduire le budget des médicaments, c'est réduire la santé des Belges
Le caractère abordable de nos soins de santé est soumis à une pression croissante. On pointe trop simplement du doigt le coût des médicaments. Soyons clairs : les médicaments ne sont pas un problème, mais une solution pour les soins de santé. Comme notre population augmente d'année en année, le nombre de personnes qui ont besoin de soins médicaux augmente également. Ces besoins médicaux ne disparaîtront pas en supprimant des médicaments. Il est temps de mettre en place une politique audacieuse qui ose s'attaquer à tous les acteurs.
22 septembre 2025
Il y a près de 25 ans, le gouvernement de l'époque a créé la commission d'étude sur le vieillissement. Il était déjà clair à l'époque que la génération du baby-boom entraînerait une augmentation des dépenses sociales, notamment des coûts des soins de santé. Pourtant, au cours des 25 dernières années, les gouvernements n'ont jamais traduit ces analyses en actions concrètes pour faire face à cette augmentation inévitable des coûts. Les investissements nécessaires dans la santé des citoyens n'ont pas été réalisés.
Selon le dernier rapport publié l'été dernier, les dépenses de santé devraient augmenter de 0,5 % du PIB d'ici 2030. Cela a bien sûr des conséquences sur tous les secteurs des soins de santé, y compris sur la croissance des dépenses en médicaments. Grâce à une politique rigoureuse visant à imposer des réductions et des baisses de prix sur les médicaments, leur part dans les coûts remboursés pour les soins de santé est tombée à un peu plus d'un dixième.
Les dépenses en médicaments ne sont donc pas le principal poste budgétaire de la santé, comme certains aiment à le présenter. Pour mettre les choses en perspective, les dépenses totales en médicaments ne représentent qu'environ 1 % du PIB. Parallèlement, des études montrent que les médicaments ont contribué de manière significative à l'allongement de l'espérance de vie dans notre pays, qui a gagné environ cinq ans depuis 2000. Sans médicaments essentiels et sans les progrès réalisés grâce à de nombreuses innovations, les médecins ne peuvent pas prodiguer les meilleurs soins à la population.
Mais, en raison de la politique qui consiste à considérer les médicaments comme une vache à lait pour équilibrer le budget de la santé, nous constatons que de plus en plus de médicaments ne peuvent rester sur le marché, deviennent temporairement indisponibles ou ne sont tout simplement pas commercialisés dans notre pays. Le budget des médicaments est sous pression, ce qui entraîne inévitablement des dépassements du budget prévu.
En effet, les besoins de la population ne disparaissent pas comme par enchantement. Les médicaments sont prescrits par les médecins parce que les patients en ont besoin. Les besoins médicaux de la population ne disparaissent pas simplement parce que les budgets nécessaires sont supprimés. Une sous-estimation systématique du budget par rapport aux besoins réels entraîne un dépassement budgétaire à la fin de l'année. L'industrie pharmaceutique est alors tenue de rembourser ce dépassement à l'État, sous la forme d'une « clause de récupération ». En d'autres termes, les entreprises financent elles-mêmes une partie des traitements prodigués aux patients. Aucun autre secteur des soins de santé ne dispose d'un tel mécanisme automatique.
Si ce gouvernement souhaite réellement mettre en place un système de santé solide, il ne peut ignorer les médicaments. Les médicaments ont leur place dans l'arsenal médical, non pas en tant que poste de dépenses, mais en tant qu'élément précieux d'une bonne prise en charge médicale. Les médicaments aident les gens à vivre plus longtemps et mieux. Ils réduisent ou évitent de nombreux autres coûts, par exemple en prévenant les complications, les hospitalisations ou l'inactivité.
Cette perspective est essentielle pour comprendre et apprécier la véritable valeur des médicaments : derrière chaque médicament se cache un patient, un être humain qui espère guérir.
L'industrie apporte sa contribution en développant, produisant et commercialisant les traitements. Il est temps de reconnaître les médicaments pour ce qu'ils sont : un élément essentiel d'un système de soins qui aide les gens à aller de l'avant. Non pas la vache à lait du système de santé, mais un partenaire en matière de santé.
Nous tendons la main à tous ceux qui reconnaissent cela : décideurs politiques, prestataires de soins, patients, industrie et citoyens. Ensemble, faisons les choix qui comptent. Pour que chacun, aujourd'hui et demain, continue d'avoir accès aux médicaments dont il a besoin. Car de bons soins commencent par répondre aux besoins réels des citoyens.
Caroline Ven, CEO pharma.be en Jasmien Coenen, CEO Medaxes