Le secteur des médicaments de base tire la sonnette d’alarme : chaque année, 120 médicaments disparaissent au profit d’alternatives plus chères
Medaxes plaide en faveur d’un budget séparé pour les médicaments de base afin de pérenniser l’accès aux médicaments abordables
28 août 2024
Au cours de ces cinq dernières années, 604 médicaments de base abordables ont disparu parce qu'ils ne sont plus rentables en raison des mesures d'économies du gouvernement, combinées à la hausse des coûts. De nombreux autres risquent de passer aussi à la trappe au cours des prochaines années. C’est pourquoi Medaxes, l’association belge des entreprises qui produisent ces médicaments de base, tire la sonnette d’alarme. La disparition de centaines de médicaments oblige les patients belges à se tourner vers d’autres traitements qui coûtent en moyenne 10 % plus cher par dose. « C’est le contribuable, le patient, qui à terme se voit présenter la facture », précise Jasmien Coenen, Managing Director de Medaxes. « Afin de garantir aujourd’hui et demain, à tous les Belges, l’accès à des médicaments de base abordables, l’État doit absolument prévoir des financements séparés. »
Le gouvernement belge prévoit actuellement un budget annuel de 5,5 milliards d’euros pour le remboursement des médicaments via l’INAMI. Bien que le secteur des médicaments de base, à savoir les médicaments abordables qui ne sont plus protégés par un brevet, offre des solutions pour 97 % des pathologies, seuls 40 % de ces 5,5 milliards d’euros lui sont alloués. C’est trop peu pour continuer à produire de manière rentable tous ces médicaments, constate Medaxes. Par contre, les médicaments plus récents, encore couverts par un brevet, se voient attribuer les 60 % restants de ce budget, alors qu’ils permettent de traiter seulement 3 % des pathologies.
Ce déséquilibre n’a fait que s’accentuer ces dernières années en raison de la hausse constante des prix des nouveaux médicaments. Conséquence : une course vers le bas s’est instaurée à l’autre bout du spectre, au niveau des prix des médicaments de base. Et plus dramatique encore : cette course folle est si intense qu’elle entraine dans son sillage la disparition de plus de 120 médicaments en moyenne par an, parce que leur rentabilité a été mise à mal par les différentes mesures d’économie successives. C’est pour cette raison que le secteur tire la sonnette d’alarme aujourd’hui.
« Cette course vers le bas doit absolument cesser le plus vite possible, sous peine de mettre en péril l’accès aux médicaments abordables. Depuis la disparition de ces centaines de médicaments, le contribuable, et donc le patient, paie les alternatives comparables environ 10 % plus cher par dose. Pour une population de près de 12 millions de Belges, cette facture est évidemment très salée. Autrement dit, le gouvernement met en place des mesures 'd’économie' pour pouvoir s'acquitter de la facture des médicaments des Belges, mais, au final, ces mesures d'économie entrainent plus de dépenses. Les médicaments de base abordables n'étant plus mis sur le marché. Il faut donc impérativement revoir la donne, car la situation devient absurde. »
Jasmien Coenen, Managing Director de Medaxes
Un budget séparé pour les médicaments de base
Pour Medaxes, la solution serait de prévoir deux enveloppes différentes. Actuellement, le financement du remboursement des médicaments de base et des nouveaux médicaments protégés par un brevet est couvert par le même budget.
« Il faut prévoir deux budgets différents, avec deux enveloppes différentes. À défaut, chaque investissement destiné à récompenser les entreprises pharmaceutiques qui produisent de nouveaux médicaments, par exemple en accélérant et augmentant leur remboursement, est préjudiciable au maintien de notre accès aux médicaments de base. L’innovation se fera ainsi au prix de l’accessibilité de la plupart des patients aux médicaments abordables. Que les choses soient claires : nous ne sommes pas contre la rétribution de l’innovation. Elle est évidemment vitale pour l’évolution de nos soins de santé. Mais nous devons veiller à ce que les patients n'en soient pas les dupes à long terme, à cause de la disparition du marché de leur traitement habituel. Ce ne serait vraiment pas une évolution, n’est-ce pas ? »
Jasmien Coenen, Managing Director de Medaxes
L’association martèle que le temps presse. Les défis économiques actuels, comme l’inflation et la raréfaction des matières premières, dopent les prix. Depuis 2020 les coûts moyens de commercialisation mise sur le marché d’un médicament de base ont augmenté de 80 % (!). Or les fabricants ont peu de possibilité, voire n’en ont aucune, de répercuter ces hausses dans leurs prix de vente. Et ce n’est pas tout : au cours de cette même période, leurs prix de vente ont même chuté de 37 % en raison de la fameuse course des prix vers le bas. Medaxes attire aussi l’attention sur les répercussions que les défis démographiques auxquels notre pays va être confronté vont engendrer.
« Non seulement la population de notre pays est en pleine croissance, mais elle est aussi vieillissante. Ces deux facteurs soulignent l’importance de maintenir l’accessibilité aux médicaments de base pendant les années à venir. Cette accessibilité sera plus que cruciale. Nous demandons dès lors à nos nouveaux décideurs politiques de réagir rapidement. »
Jasmien Coenen, Managing Director de Medaxes