La fédération du commerce électronique Becom demande aux gouvernements belge et européen de prendre des mesures contre l'inégalité des conditions de concurrence des plateformes chinoises
28 juin 2024
La fédération belge du commerce électronique Becom appelle à une action urgente pour remédier à l'inégalité des conditions de concurrence entre les boutiques en ligne chinoises et européennes. À cette fin, Becom remet aujourd'hui une lettre ouverte à tous les décideurs politiques de notre pays. Dans cette lettre, elle demande la création de conditions de concurrence équitables pour tous les commerçants, y compris non européens, et l'organisation de contrôles efficaces et coordonnés.
Les pratiques commerciales employées par les plateformes chinoises telles que Temu et Shein soulèvent de nombreuses questions. Les règles européennes en matière de protection des consommateurs, de sécurité des produits et de développement durable sont-elles respectées ?
TestAchats et le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) ont déjà déposé une plainte contre la boutique en ligne chinoise Temu et ont découvert des pratiques abusives en matière de sécurité des produits. Des actions soutenues par la fédération belge du secteur.
« Les plateformes et les boutiques en ligne chinoises pénètrent sur le marché européen sans respecter rigoureusement les réglementations. Cela crée des conditions de concurrence inégales. Les boutiques en ligne belges et européennes qui respectent scrupuleusement ces réglementations sont confrontées à la concurrence de fournisseurs qui ne se conforment pas aux règles de l'UE et qui peuvent donc proposer leurs produits à moindre coût », explique Greet Dekocker, directeur général de Becom. « Cette situation est préjudiciable au développement du secteur belge du commerce électronique, dont les 170 millions de transactions réalisées l'année dernière représentaient un montant total de 16,3 milliards d'euros. »
Le transport aérien met la durabilité en jeu
L'impact des nouveaux acteurs s'applique également en termes de durabilité. Avec l'avènement du Green Deal, les entreprises européennes doivent investir dans des modèles commerciaux durables, être transparentes sur leurs émissions et aider de plus en plus les consommateurs à acheter de manière consciente. Le contraste est saisissant avec les expéditions aériennes massives pour la livraison de colis. Selon Reuters***, un tiers du transport aérien long-courrier est aujourd'hui utilisé pour envoyer des colis (individuels) d'achats en ligne par ces plateformes de commerce électronique.
Le mécanisme de subvention crée des conditions de concurrence inégales
Ces exportations bénéficient également du soutien logistique et financier du gouvernement chinois, ce qui permet la croissance exponentielle des ventes sur des marchés tels que l'UE**.
Ainsi, un système de rotation est utilisé où - afin de maintenir le système de subvention - un nouvel aéroport européen différent est choisi comme destination finale après 3 ans. Une fois la destination atteinte et tous les colis déchargés, l'avion repart vide.
Ces vols retour à vide sont payés par le gouvernement chinois. Les colis individuels arrivant dans l'UE ont déjà reçu les étiquettes d'adresse nécessaires et ont été regroupés dans des centres de traitement chinois. Il ressort des chiffres de l’Administration que cette "technique de la Matryoshka" a pour effet que très peu des envois peuvent être contrôlés. Parmi ces envois, 20 à 40 % sont jugés non conformes à des réglementations relatives à la contrefaçon, à la santé, aux inspections, etc.
Ainsi, le contenu des colis ne répond souvent pas aux normes européennes et ne porte pas le marquage CE requis. Le modèle commercial "basé sur l'enchère" utilisé par une plateforme telle que Temu est également souvent à l'origine de cette situation. Elle fait ainsi pression sur les fournisseurs pour qu'ils livrent à moindre coût (et donc souvent au détriment de la qualité) - ou qu'ils ne livrent pas du tout.
Appel à une application efficace et coordonnée de la législation
Becom, dans une lettre ouverte**** conjointement avec 15 pays représentés au sein de l'organisation faîtière Ecommerce Europe, appelle les gouvernements belge et européen à remédier à cette concurrence déloyale et non durable. Il est important que les réglementations européennes et nationales - sur la protection des consommateurs, la sécurité des produits, le marché intérieur et la durabilité - soient appliquées de manière cohérente et selon les mêmes principes à toutes les entreprises opérant dans l'UE, quelle que soit leur origine. De plus, avec l'établissement du centre logistique chinois Cainiao eHub à Liège, le gouvernement belge peut jouer un rôle important dans ce domaine.
En outre, la Commission européenne a récemment infligé aux douanes une amende de 250 millions d'euros pour avoir prétendument sous-évalué les chaussures et les textiles chinois. Toutefois, la pratique montre que les douanes belges ne disposent pas de ressources et d'un soutien suffisants pour faire face à cet afflux massif. Les douanes elles-mêmes décrivent cet afflux de colis comme un "tsunami" qui ne peut être maîtrisé avec les ressources actuelles.
En tant que fédération du secteur, Becom plaide donc pour :
- l'adaptation de la réglementation européenne à la réalité actuelle du commerce électronique à l'importation, et permettre un contrôle plus efficace ;
- l'imposition d'obligations d'information supplémentaires aux fabricants et aux plates-formes chinoises ;
- l'augmentation de la capacité de contrôle des douanes ;
- l'équipement des douanes en technologies modernes de balayage ;
- l'application de sanctions appropriées à l'encontre de ceux qui enfreignent les règles.
Une coordination entre les régulateurs - et par extension certainement au niveau européen - est également essentielle pour une mise en œuvre efficace des réglementations applicables dans tous les domaines.
Greet Dekocker conclut : « Nous demandons instamment aux autorités compétentes de prendre les mesures supplémentaires nécessaires pour que tous les acteurs - y compris ceux qui ne sont pas basés dans l'UE - soient contrôlés de la même manière et selon les mêmes critères. En outre, les mécanismes de subvention devraient également être équilibrés en abordant cette question dans les accords commerciaux. Ce n'est que de cette manière que des conditions de concurrence équitables pourront être mises en place dans l'intérêt des consommateurs belges, du commerce de détail en ligne, de l'économie belge et d'un climat sain. Si des acteurs ne respectent pas les réglementations, ils doivent être sanctionnés et, si nécessaire, mis hors ligne. »
Lettre Ouverte_Becom_Plateformes_Chinoises.pdf
PDF - 130 Kb
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* MarketMonitor Becom, mars 2024
** “Party-state Support for Chinese E-commerce Export Development”, Author: Łukasz Sarek, Foray China. Published in May 2024 by e-Izba (Polish Chamber of the Digital Economy).
*** Focus: Rise of fast-fashion Shein, Temu roils global air cargo industry | Reuters
**** Lettre ouverte E-commerce Europe: Urgent need for a level playing field and effective enforcement of EU law towards all e-commerce players active in the EU Single Market
***** “Worse than Cocaine”, Assessing the Impact of Alibaba’s Mega-Hub in Liege, Belgium Jonathan Holslag, 2023
A propos de Becom
Becom est la fédération belge e-business, résultant de la fusion entre les associations sectorielles BeCommerce et SafeShops.be. Becom se concentre sur la stimulation du commerce électronique et l’économie numérique belge. En tant que fédération, Becom plaide pour que l'économie numérique belge prenne toute la place qui lui revient, tant dans le débat social que dans le paysage européen en ligne. Elle traduit les besoins et les exigences du secteur et est donc le point de contact des décideurs politiques et des autres parties prenantes. Becom souhaite accroître la confiance des consommateurs dans les achats en ligne en les informant sur la sécurité, la fiabilité et la durabilité du commerce numérique. Elle fournit un cadre permettant aux boutiques en ligne belges de devenir ‘first in class’, pour les soutenir et les guider dans leur croissance. Becom le fait pour les entrepreneurs numériques B2B, B2C et D2C.